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Notre-Dame du Fer

Méditation 3e dimanche de Carême

20 Mars 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Luc (13, 1-9)

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

URGENCE VITALE

Voici que l’Evangile se met à nous parler fort en ce dimanche. On croirait cette page sortie de nos actualités tristes et dramatiques qui nous bouleversent et alimentent aujourd’hui nos pensées et nos prières. L’injustice nous révolte et nous tétanise. Le ciel n’est plus pour certains le refuge à la vie rude. Il est devenu le lieu de l’angoisse. Où trouver un petit bout de terre protégée de la furie humaine ?

Le bienheureux Frère Luc, moine de Tibhirine, en a vu dans sa longue vie…Il en a traversé des guerres... La deuxième guerre mondiale : il s’est fait prisonnier volontaire comme médecin. Arrivé en Algérie en 1946, c’est plus tard la guerre d’indépendance qui lui vaut un premier rapt d’une semaine. Puis cette guerre civile, durant les années noires au début 90 pendant lesquelles, avec sa communauté, ils ont vécu sous la menace terroriste jusqu’à leur enlèvement fin mars 1996… il regardait les choses avec sagesse et défiance face aux forces de mort qui les menaçaient : “Ici la violence est toujours présente. […] c’est en soi qu’on doit se faire une retraite et un lieu pour conserver la sérénité.” (Heureux ceux qui espèrent, p. 133). Et il poursuivait : “Un homme âgé n’est qu’une chose misérable, à moins que son âme ne chante”.

Voilà que frère Luc nous tourne vers notre intérieur pour trouver ce petit bout de terre où Dieu cultive sans relâche la paix et la joie qui ne connaît pas d’éclipse au gré des événements. Il nous semble que le monde devient fou, malade de ses convoitises… le petit monde que nous sommes n’y échappe pas. Et pourtant il y a bien en nous ce brin de vie qui ne demande qu’à grandir malgré les broussailles. Et il y a urgence. Nous savons bien que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Il importe donc que ce jour qui nous arrive entre les mains, cet aujourd’hui si pauvre et banal, devienne ce lieu où nous fabriquons de l’éternel : la douceur contre la brutalité, la confiance contre la peur, le don contre l’égoïsme, l’intercession contre l’agression… alors plus rien ne nous surprendra. Ni la vie ni la mort.

Notre âme chantera ce chant nouveau, aux accents d’éternité qui peut-être aidera d’autres à retrouver le sens : ce grand désir d’unité et de paix à faire advenir pour tous, agressés et agresseurs. Prêtons notre petit jardin intérieur à ceux qui n’ont plus de toit, plus de vie ni d’espérance. Logeons-les dans notre tente éternelle où il y a place pour tous à l’image du cœur de Dieu. La charité se fera active et inventive, et nos jours, à défaut de rallonger, prendront la couleur du partage et de la résistance au mal et à la division. Plus de fatalité, donc… juste ce jour donné pour fabriquer un plus d’humanité, de consolation, de tendresse, et de joie.

Equipe Evangile@Peinture – M-D Minassian – Peinture Bernadette Lopez

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