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Le berceau du fer

meditation dominicale

Méditation 5e dimanche de Carême

3 Avril 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Jean (8,1-11)

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
 

CAS PRATIQUE
Jésus vient du Mont des Oliviers. Il vient de passer la nuit en prière et il se rend au Temple dès l’aurore. Rejoint par les gens avides de sa parole, il leur partage ce dont son cœur regorge : les paroles de vie reçues de son Père. Sa présence pourtant ne parle pas à tous et c’est un piège qui lui est tendu par les tenants du Temple. Insupportable autorité de cet homme qui draine autour de lui une foule de gens ? Rage jalouse cherchant l’occasion fautive qui le ferait condamner et disparaître de leur horizon menacé ? Le centre de l’attention semble donc bien disputé.

Une malheureuse y est placée, mais c’est bien Jésus qui est dans le viseur. Car le sort de la femme est déjà réglé par la Loi de Moïse : lapidée ! Alors que peut bien faire ce Rabbi sans se mettre lui-même en danger ? Jésus n’est pas là pour abroger la Loi, mais une autre est en préparation plus grande, plus profonde. La terre prend le relais des tables de pierre. Elle est la première confidente de cette loi nouvelle fomentée par Jésus, empli du vouloir de son Père que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en plénitude. La leçon pratique peut commencer. Premièrement désamorcer la violence. Qui pour exercer la sentence ? Jésus pose les fondements de la Loi nouvelle. Le seul habilité à rendre justice est celui qui est sans péché. Jésus désarme les violents. La vérité remet tout le monde dans le même camp. Les justiciers redeviennent des pécheurs. Qui pour blâmer et exécuter l’autre qui me ressemble ? Deuxièmement, libérer l’amour. Emprisonné de toutes parts, l’amour égaré retrouve l’espace pour se redresser et réenvisager la vie à l’aune de la tendresse et de la miséricorde qui sauve.

Au centre, il y a toujours Jésus. Il a pris sur lui la violence des uns, la peur et le péché de l’autre. Il a été l’épicentre du jugement nouveau qu’il est venu exercer au nom du Père. Il est venu planter la miséricorde au cœur de la vie des hommes. Ce sera sur la croix qu’il exercera son ultime jugement pour que nous pardonnions comme lui l’a fait jusqu’à l’extrême. Il place l’alternative devant nous et restitue chacun à sa vie et à sa conscience. Tout le monde retrouve visage. La miséricorde est la seule issue et elle est ce nouveau ministère qui nous est confié pour que la vie puisse aller plus loin que toutes ses ornières.

Béni sois-tu Seigneur pour tant d’amour ! La terre a besoin de nos vies pardonnées pour exercer ton ministère d’amour et de tendresse, pour que nous soyons tous remis dans le même camp : celui des aimés de Dieu. Donne-nous ton cœur !

Equipe Evangile&Peinture – M-D Minassian – Peinture Bernadette Lopez

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Méditation 4e dimanche de Carême

27 Mars 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Retour ou avancée du fils dépensier ?

« Je vais aller vers mon père et je lui dirai... » (Lc 15, 18)

L’Évangile de ce dimanche est souvent appelé « le retour de l’enfant prodigue ». S’agit-il de retourner, de remonter le temps, de revenir à la case péchée ? ou plutôt juste avant, pour regagner une âme blanche et pure ?
 

Quand ce fils dépensier prend durement conscience de son égarement, il ne pense pas « je vais retourner vers mon père » comme s’il pouvait espérer revenir en arrière, retrouver un bonheur évanoui et passé. Il dit au contraire « je vais aller » et cette démarche le projette dans un avenir possible.
 

Belle chance que ce temps de Carême qui fait sortir de nous-mêmes pour avancer vers la résurrection !
Abraham était heureux sur les terres où il menait ses brebis. La Bible dit même qu’il était très riche en troupeaux, en argent et en or. Pourtant, le Seigneur l’invite à quitter son pays et lui promet une terre nouvelle. Aujourd’hui une terre nouvelle m’est annoncée.
Des Juifs peinaient sous l’esclavage de Pharaon. Par la bouche de Moïse, Dieu invite à sortir d’Égypte. Quand la mer Rouge semble les arrêter, il n’est pas question de revenir en arrière mais d’avancer. Dieu ouvre les flots pour faire passer son peuple. Si des mers obstruent aujourd’hui ma route, le Christ est là pour tracer le nouvel itinéraire.
La parabole du fils dépensier offre au long de cette semaine l’invitation à se mettre en route. C’est l’occasion de réfléchir sur notre démarche de réconciliation et sur le pardon qui sauve.

 

La complaisance dans la culpabilité enterre dans une faute que je ne peux plus effacer. Je risque l’enfermement dans le cimetière de mes faiblesses et de mes péchés. Comment imaginer un retour ? La démarche de pardon fait aller de l’avant, sinon elle n’est que récit ou inventaire plus ou moins difficile de mes faiblesses, et je ne vais pas plus loin. La demande de pardon oriente vers demain, elle ouvre sur le meilleur. Le pardon doit me mettre en route.
 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il ne peut y avoir de réconciliation avec ceux que j’ai blessés si je ne me suis préalablement réconcilié avec moi-même. Comment espérer être aimé de l’autre si je ne m’aime pas ? Comment regarder le salut qu’offre Jésus si je ne m’estime pas sauvable ? Loin de la satisfaction nombriliste, l’acceptation de ce que je suis me permet de sortir de mon trou. Comme ce fils dépensier de la parabole : me lever, me mettre debout, et avancer vers ce Père qui seul peut offrir la nouveauté du pardon. Comme le prodigue : me mettre en route vers un autre horizon.
Debout ! En avant !
« Je vais aller vers mon père et je lui dirai… »

 

Equipe Evangile@Carême – Peinture Bernadette Lopez

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Méditation 3e dimanche de Carême

20 Mars 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Luc (13, 1-9)

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

URGENCE VITALE

Voici que l’Evangile se met à nous parler fort en ce dimanche. On croirait cette page sortie de nos actualités tristes et dramatiques qui nous bouleversent et alimentent aujourd’hui nos pensées et nos prières. L’injustice nous révolte et nous tétanise. Le ciel n’est plus pour certains le refuge à la vie rude. Il est devenu le lieu de l’angoisse. Où trouver un petit bout de terre protégée de la furie humaine ?

Le bienheureux Frère Luc, moine de Tibhirine, en a vu dans sa longue vie…Il en a traversé des guerres... La deuxième guerre mondiale : il s’est fait prisonnier volontaire comme médecin. Arrivé en Algérie en 1946, c’est plus tard la guerre d’indépendance qui lui vaut un premier rapt d’une semaine. Puis cette guerre civile, durant les années noires au début 90 pendant lesquelles, avec sa communauté, ils ont vécu sous la menace terroriste jusqu’à leur enlèvement fin mars 1996… il regardait les choses avec sagesse et défiance face aux forces de mort qui les menaçaient : “Ici la violence est toujours présente. […] c’est en soi qu’on doit se faire une retraite et un lieu pour conserver la sérénité.” (Heureux ceux qui espèrent, p. 133). Et il poursuivait : “Un homme âgé n’est qu’une chose misérable, à moins que son âme ne chante”.

Voilà que frère Luc nous tourne vers notre intérieur pour trouver ce petit bout de terre où Dieu cultive sans relâche la paix et la joie qui ne connaît pas d’éclipse au gré des événements. Il nous semble que le monde devient fou, malade de ses convoitises… le petit monde que nous sommes n’y échappe pas. Et pourtant il y a bien en nous ce brin de vie qui ne demande qu’à grandir malgré les broussailles. Et il y a urgence. Nous savons bien que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Il importe donc que ce jour qui nous arrive entre les mains, cet aujourd’hui si pauvre et banal, devienne ce lieu où nous fabriquons de l’éternel : la douceur contre la brutalité, la confiance contre la peur, le don contre l’égoïsme, l’intercession contre l’agression… alors plus rien ne nous surprendra. Ni la vie ni la mort.

Notre âme chantera ce chant nouveau, aux accents d’éternité qui peut-être aidera d’autres à retrouver le sens : ce grand désir d’unité et de paix à faire advenir pour tous, agressés et agresseurs. Prêtons notre petit jardin intérieur à ceux qui n’ont plus de toit, plus de vie ni d’espérance. Logeons-les dans notre tente éternelle où il y a place pour tous à l’image du cœur de Dieu. La charité se fera active et inventive, et nos jours, à défaut de rallonger, prendront la couleur du partage et de la résistance au mal et à la division. Plus de fatalité, donc… juste ce jour donné pour fabriquer un plus d’humanité, de consolation, de tendresse, et de joie.

Equipe Evangile@Peinture – M-D Minassian – Peinture Bernadette Lopez

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Méditation 2e dimanche de Carême Ecoute profonde

13 Mars 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Evangile selon saint Luc (9, 28b-36)

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.
 
ÉCOUTE PROFONDE

Quel épisode… les trois disciples sont passés avec Jésus par une expérience inouïe. Ils ont été dépassés, débordés par ce à quoi ils ont assisté. D’abord extérieurs à ce qu’ils voyaient, ils y ont été peu à peu intégrés, agrégés, jusqu’à en être rendus pleinement participants. Le côte à côte vécu jusque-là s’est transformé. Ils sont devenus en quelque sorte membres les uns des autres ce jour-là.

Cette transfiguration, c’est un peu ce qui nous arrive quand nous lisons l’évangile. Nous lisons le texte, nous lui faisons face. C’est l’histoire d’un autre, jusqu’à ce qu’il nous prenne avec lui et nous montre quelque chose de lui que nous n’avions jamais vu, jamais entendu. L’Évangile nous parle. Pas d’une histoire extérieure mais d’un récit où nous avons part, une aventure intérieure où nous sommes ces acteurs un peu maladroits puis de plus en plus impliqués. Jésus nous prend avec lui pour un éclairage unique. Nous sommes pris dans sa clarté, son histoire, ses fidélités, sa vie en train de se donner pour que tous vivent.
 

Comme les disciples, notre vie confortable et installée prend peur. Qu’est-ce que cela signifie ? Nous avons bien une première impression, une première lecture. Et ce serait bien tentant de s’en arrêter à ce que nous en percevons. Qu’y-a-t-il d’autre à voir et à comprendre ? Il y a cette entrée dans la nuée… cette échappée dans l’incontrôlé. C’est un autre qui pénètre notre histoire et en prend les commandes. Visitation de nos peurs profondes. La source de tous nos dépassements vient de ces profondeurs reliées à l’histoire de ce peuple unique né du cœur de Dieu.

Pas d’autre bonheur que toi Seigneur. C’est toi le ferment de notre histoire, la raison de notre communauté, le principe de notre communion. Nos humanités séparées trouvent ici, en toi Jésus, l’espace de notre fraternité à venir. Ton corps supplicié sur la croix et ton pardon éternisé par la mort auront raison de toutes nos lâchetés. Ta clarté sur le Mont Thabor et celle de la croix sont les mêmes. Elles sont nos phares dans la tourmente.

Quand on ne voit qu’un homme mort sur la croix, d’autres reconnaissent le fils de Dieu offrant sa vie pour que nous ne perdions plus la nôtre. Sa clarté nous entraîne à l’écoute profonde de ce que sa vie dit à la nôtre. Sa parole nous invite à suivre son silence. Il est temps de faire lecture divine de notre existence et de ce que Jésus veut de notre vie. Sa fraternité en appelle à la nôtre. Notre chair en tremble certainement. Pourtant, nous savons bien, pour en être si souvent blessés, que nous sommes membres les uns des autres. Pour le meilleur et pour le pire.

La Transfiguration, c’est jour de noces. Pierre avait bien l’intuition d’une fête, mais ce sera pour après. Il faut d’abord le corps à corps avec l’histoire, le jour à jour à discerner et à consentir, la fraternité à éprouver jusqu’au bout de l’amour vainqueur. Jésus, ta clarté épuise la nuit, toutes nos nuits.
Viens refaire nos vies ! Baigne-les dans ton cœur où nous ne faisons qu’un. Désarme-nous.
 
Equipe Évangile&Peinture – M-D Minassian – Peinture Bernadette Lopez

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Méditation 1er dimanche de Carême

6 Mars 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Luc (4, 1-13)

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. » Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

ÉLÉVATION TENTANTE

Aujourd’hui, en ce premier dimanche de carême, l’Évangile nous fait prendre de la hauteur. En trois temps, avec Jésus, nous allons avoir le vertige ! Ou plutôt, c’est l’adversaire qui va prendre la mesure du Fils de Dieu.

Après son baptême, rempli d’Esprit Saint, il rejoint le désert. Il rejoint le lieu du manque pour débusquer celui qui va prétendre pouvoir le combler. En allant le chercher sur son terrain, il l’oblige à se dévoiler. L’Esprit Saint délivre de la peur. Il appelle la lumière. Il débusque le mensonge. Jésus redonne à l’humanité son meilleur profil. Non, l’humain n’est pas réductible à ses besoins. Il n’est pas non plus la somme de ses illusions et de ses phantasmes de pouvoir et de gloire. Et non, il n’est pas irresponsable de sa vie confiée. À mesure que le diable lui fait prendre de la hauteur, Jésus lui oppose l’ancrage et la profondeur. Nous voici donc avertis que toute élévation s’accompagne de tentations maintenant connues.

L’adversaire dévoilé est affaibli mais pas inexistant. S’il trouve encore de la force, c’est par la complicité du terrain qui l’accueille. Jésus était rempli d’Esprit Saint, nous rappelle-t-on. Il n’y avait pas d’espace pour autre chose que le dessein de Dieu. Pas d’espace pour accueillir une volonté autre que la sienne. La consistance de Jésus nous fait du bien en ces jours d’épreuve. Ce que nous vivons nous traverse, nous brutalise, nous pousse dans nos espaces si peu visités, dans déserts intérieurs qui nous font peur, où logent tant de pensées qui ne sont pas ses pensées, tant de compromissions qui ne sont pas ses passions, tant de besoins qui ne sont pas les siens. N’ayons pas peur de ce voyage intérieur auquel nous convie ce carême, car il y a urgence à prendre consistance de cet Esprit Saint. Il y a urgence à évacuer de nos existences tout ce qui les déconnecte de l’esprit de bonté du Père, et de la fraternité indéfectible du Fils.

Ce chemin de carême est un chemin de paix dont nous pouvons nous saisir pour augmenter la force de gravité en ces temps troublés. C’est sur tous les terrains que la paix se joue: en pensées, en parole, par action et par omission. Augmentons notre capital de paix pour que d’autres puissent y puiser la force de s’y ancrer. Courage, communion, persévérance et intense espérance. Ces fruits spirituels sont des aliments pour tous. Ils injectent dans l’atmosphère l’oxygène qui rend ces temps encore vivables. Ne renonçons pas à cette contribution même si elle nous paraît dérisoire. Résistons sur tous les terrains. Offrons notre foi à l’adversaire.


Equipe Évangile@Peinture - M-D Minassian - Peinture Bernadette Lopez 

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Méditation 8e dimanche du Temps Ordinaire année C

27 Février 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Luc (6,39-45)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. » Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
 
CŒUR TAMISÉ

Voici que l’Évangile se met de manière très troublante en résonance avec ce que nous sommes en train de vivre. Au moment où la rhétorique de la guerre prend le dessus, nous voyons comme en plein jour ce dont notre cœur déborde. L’évangile nous renverra toujours à ces profondeurs où se négocie notre rapport au monde, aux autres et aux événements, laissant apparaître en filigrane nos consistances et nos lâchetés. Il y a de quoi scruter dans le ballet de pensées et de paroles qui défilent tout le jour et habitent nos intérieurs bouleversés en quête d’une voix qui dirait les mots qui se bousculent en nous.

Voici le vrai champ de bataille: celui où la paix fait rage et terrasse toutes les forces mortifères qui trouvent encore en nous un espace accueillant. Passons notre cœur au tamis. Il y a de quoi faire pour débusquer l’ennemi intérieur de la complaisance, de la lâcheté, de la demi-mesure. Il n’y a pas de petites atteintes à la paix et à la fraternité. Elles commencent à exister dans notre pensée, à occuper le terrain en trouvant toutes sortes de justifications, pour ensuite embourber notre cœur, finir par sortir de notre bouche et envenimer l’atmosphère jusqu’à ce que les gestes ne trouvent plus le chemin de la bonté.

Cet engrenage et cette atteinte du mal nous concerne. Devant les événements affligeants, il faut un sursaut de vérité et de bonté qui sont à notre portée. Quelle douceur et quel bien pouvons-nous inventer dans notre environnement immédiat pour faire barrage à la pensée dévastatrice que l’homme est mauvais, violent et qu’il n’y a pas d’autre langage que celui de la violence pour s’opposer à la violence? Commençons par déposer chacun les armes du jugement, de l’indifférence, de l’omission ou du mensonge. Saisissons celles de la foi, de l’espérance et de la charité que Dieu a semées dans nos existences pour que son règne vienne et que sa volonté soit faite. Mangeons ce pain de la bénédiction et de l’intercession, opposons le pardon à l’offense, la tendresse obstinée à la dureté et à la violence, et ne nous lassons pas de croire en la victoire de l’amour crucifié-ressuscité qui grandit chaque jour sur notre champ de bataille.

Restons ensemble à l’unisson de l’Amour-Don plus fort que le meurtre et continuons de croire à la puissance d’une fraternité qui puise sa force au corps et au sang du Crucifié-Ressuscité. Revenons à la sève de notre être chrétien qui crie ici et maintenant son besoin d’être vrai. N’ayons pas peur et ne désertons pas ce champ de bataille-là. Il est notre contribution directe à ce combat qui s’est toujours joué dans le cœur des hommes et qui nous stupéfie toujours. Soyons sûrs que notre pouvoir de faire advenir le bien que Dieu veut pour tous est plus grand que les forces de mort à l’œuvre en nous et autour de nous. Il est livré à notre désir, à renouveler chaque jour, de nous y engager.
 

Equipe Évangile@Peinture – M-D Minassian – Peinture Bernadette Lopez 

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Méditation 7e dimanche du Temps Ordinaire

20 Février 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Luc (6,27-38)

En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »

Difficile d’aimer

Cet évangile est rude. Comment répondre à tant d’exigences ? Faut-il les trier, choisir un commandement et laisser tomber les autres ? Par exemple : commencer par refiler notre vieux manteau à Emmaüs ou dresser un inventaire de nos ennemis et des gens qui nous énervent ? 

Ces commandements sont durs à suivre. Nous ne savons pas tendre l’autre joue, courir pour rien ou donner notre tunique quand on a déjà donné sa chemise. Nous ne savons pas aimer autant qu’il faudrait. Mais quand le Christ nous commande d’aimer, il nous indique notre difficulté. Il ne le fait pas pour nous enfoncer : « Le pauvre, il ne va pas y arriver… » Il nous indique notre difficulté pour nous montrer cet endroit précis où notre personne sera la plus sollicitée.

Nous sommes tous des mendiants d’amour et ne savons pas aimer. Nous devons d’abord accueillir l’amour, ce qui n’est pas de l’ordre du rendement. La fécondité est l’ordre véritable de l’amour, une capacité à recevoir.

La difficulté à aimer, que ne gomme pas le Christ, fait donc de nous des nécessiteux et ouvre à une fécondité. Il nous montre notre difficulté parce qu’il nous prend au sérieux et veut aimer en nous.

Equipe Evangile@Peinture - Frère Yves Habert – Peinture Bernadette Lopez

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Méditation 16e dimanche du Temps Ordinaire

13 Février 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Luc (6, 17.20-26)

Jésus descendit de la montagne avec eux et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

Intersection existentielle

Voilà une parole forte. Jésus est au début de son ministère. Sa parole est déjà suivie par un grand nombre qui se masse en attente des suivantes. Ce jour-là, la parole va passer au crible le cœur de chacun et dessiner l’avenir qui les attend. “Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur.”, disait Moïse au peuple. De quoi parlait-il ? Comment entrer dans le bonheur ? Moïse venait de donner la voie à suivre : “Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.”

Jésus fait appel à la mémoire collective. Comme Moïse, il remet ses auditeurs devant l’alliance conclue avec Dieu. La bénédiction ou la malédiction sont le fruit de son accueil et de son respect. Dieu ne choisit pas pour l’homme. Il choisit l’homme. Tous les hommes. Son alliance est pour tous. C’est l’homme qui est placé devant le choix d’une vie qui fera son bonheur ou son malheur. La parole avertit. Elle montre à l’homme qui s’y soumet son passé, son présent et son avenir. Elle le situe au carrefour de son existence et l’avertit des pentes de peines et de joies qu’il va rencontrer sur son chemin. Elle trace sa trajectoire avec et sans Dieu. Son verdict est sans appel. Comment vivre en dehors de toi Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle, s’écrira Pierre désemparé et si inspiré.

Le bonheur et le malheur ne résultent que du sort donné à la parole en nous. Ils sont en nous l’indice de notre obéissance à la vie que Dieu a déposée en nous. Fidélité à la vie confiée, fidélité à la fraternité révélée, fidélité au bonheur promis à tous. La parole a de quoi être désolée en nous et autour de nous. Elle a aussi de quoi se réjouir. Elle est notre miroir permanent, notre aiguillon de croissance. Notre responsabilité est engagée envers tous. Notre solidité dans la parole est sollicitée à chaque instant pour que son règne vienne et que sa vie atteigne tous ceux qui, riches ou malheureux, veulent accéder à ce bonheur sans éclipse que toi seul peut nous donner.

Tu es Seigneur notre seul bien, notre joie source de toutes les autres. Que ta parole réveille tout notre être et le décide à ton bonheur : que tous aient la vie et qu’ils l’aient en plénitude !
  
Equipe Evangile&Peinture – M-D Minassian – Peinture berenadette Lopez

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Méditation 5e dimanche du Temps Ordinaire année C

6 Février 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Évangile selon saint Luc (5, 1-11)
 

En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.» Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

PROFUSION PRÉMONITOIRE

Tout déborde dans cette page d’Évangile ! La foule, les filets remplis de poissons, les émotions devant tout cela. Oui, il y a de quoi non seulement être impressionné, mais aussi saisi de peur. Un tel pouvoir qui déferle renvoie à soi et à sa petitesse. Rien de plus humain… ce qui l’est moins, c’est la réponse de Jésus qui projette Simon dans une énigmatique aventure.

Cette profusion lui fait signe. Il ne comprend sans doute pas ce qui arrive et cette parole de Jésus qui une nouvelle fois le dépasse, mais, conduit à ce point de vérité sur lui-même, c’est comme si tout son être se retrouvait dans une parole qui elle aussi le dépassait certainement. C’est à genoux qu’il la reçoit, c’est-à-dire non pas depuis sa suffisance, mais depuis son indigence. C’est paradoxalement à ce point de vérité sur soi que la parole de Jésus peut faire son chemin. Jésus confie sa mission à ceux qui se sont approchés de lui et qui ont fait l’expérience de sa puissance de vie, accédant ainsi à leur pauvreté. À ceux-là, Jésus donne sa vie à profusion. C’est cela qui fait signe et qui permet de laisser toute une vie derrière soi. La profusion et l’excès sont la marque de Dieu. L’humilité est la marque de l’homme devant Dieu.

Le temps est tout à coup comme suspendu dans cette page d’évangile. La routine du métier, la nuit passée sans rien prendre, le temps long d’une vie portée par ses repères, ses joies et ses peines est tout à coup rencontrée par un inconnu et une foule suspendue à ses lèvres. Le signe adressé à Simon vient réveiller sa vie, lui offrir un sens nouveau. À travers cet épisode de pêche débordante, Jésus lui fait éprouver ce qu’il est en train de vivre lui-même dans sa propre mission. Une tâche qui excède la force d’un seul. La parole de Jésus fend le temps de Simon-Pierre et ouvre sa vie à la dimension de celle de Jésus. Tous ceux qui ont vécu l’épisode se sont trouvés bouleversés, appelés et projetés dans cette nouveauté. La vie nouvelle est en marche. C’est la marque de l’homme rencontré par Dieu. Sa vie est désormais en mouvement. Jésus ouvre cette marche sans autre programme que le salut des autres. L’amour n’a rien d’autre en point de mire. Il laisse tout en plan et vole au secours de l’humanité en panne de joie et d’espérance, assoiffée d’une parole qui fasse vivre. Les nuits de labeur prennent tout leur sens. Plus d’échec ni de déception au lever du jour.

Il y a foule à avoir besoin de toi Seigneur. Et tu appelles auprès de toi pour le service de l’Évangile ces besogneux obscurs que rien n’effraie si ce n’est leur propre pauvreté. Tu as voulu compter sur eux pour que ton Évangile parvienne jusqu’à ceux qui l’attendaient. Tu leur as confié cette mission de témoin de ton excès. Cela commence dans le silence et la sidération de tes merveilles. Cela se poursuivra dans une parole confiée, continuée, proclamée en ton nom. Tu nous charges Seigneur de ces filets d’amour où tu veux continuer de prendre les hommes. Nous n’avons pas fait grand-chose jusqu’à présent, mais sur ta parole on va jeter les filets…
 

Equipe Evangile&Peinture M-D Minassian - Peinture Bernadette Lopez - Fribourg

 

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Méditation 4e dimanche du Temps Ordinaire année C

30 Janvier 2022 , Rédigé par Espace Liturgique Publié dans #Méditation Dominicale

Evangile selon saint Luc  (4, 21-30)
 

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d'Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.


ÉCUEIL LOCAL
Il y a parfois des sauts à faire. Mais quand ils sont trop importants, il y a bien des chances que les choses tournent court. Jésus est chez lui à Nazareth et vient de vivre l’investiture de la Parole prophétique. Il est celui qu’Isaïe annonçait. Le temps est venu d’apporter la libération aux pauvres et aux captifs. Mais les auditeurs de ce message doivent surmonter un double écueil.

Le premier, c’est de recevoir ce message de la bouche du fils du charpentier local. Difficile à concevoir que le gamin du coin devienne le libérateur de tout un peuple. Pire, en mettant le doigt sur cet écueil de la disqualification par avance, sur le péché originel de ses anciens voisins, Jésus acte leur auto-exclusion de la Bonne Nouvelle et de ses bienfaits. Il n’en fallait pas plus pour porter à son paroxysme l’impossible réception de son témoignage et déchaîner la violence à son endroit. Qui aurait pu prévoir une telle issue ? Jésus est au tout début de son ministère. Et il est seul. Il n’a pas encore de disciples. Ce n’est en tous les cas pas dans ce cercle qu’il va les trouver. La jalousie aveugle et sourde empêche l’Évangile de délier les cœurs aigris ou repus d’une vie qu’ils ne peuvent imaginer autre. Jésus ne peut simplement rien pour eux. Ils sont leur principal obstacle et vont jusqu’à vouloir tuer celui-là même qui aurait pu les sauver et les extraire de leurs vies figées. Rude expérience pour Jésus qui, loin de le décontenancer, l’affermit sur sa voie. Rien n’a de prise sur lui. Son pouvoir de vie est pour ceux qui en ressentent le besoin. Il doit laisser les autres à eux-mêmes. Cette liberté intérieure acquise au désert lui fait échapper aujourd’hui à la mort que lui réservaient ses voisins. Demain elle lui fera embrasser la mort sur la croix et le pardon pour tous.

Nous avons sous les yeux le début d’une vie qui va tracer son chemin au milieu de ce peuple prompt à la violence. Une vie qui va devenir vainqueur de l’instinct de mort pour lui substituer l’instinct de l’amour et du pardon par avance. Jésus s’est servi du tremplin de la jalousie qui aurait pu l’engloutir et l’enfermer définitivement dans ce que son origine lui dictait. Mais sa vie prend sa source ailleurs. Cette vie-là, personne n’a de prise sur elle. L’Esprit seul en explique les mouvements. Et c’est dans ce sillage que vont s’inscrire ses disciples, nous aujourd’hui.

Chaque dimanche, nous nous rappelons collectivement que notre vie prend sa source ailleurs et que notre liberté d’aimer ne saurait être mise sous le boisseau. L’Esprit nous attend et nous fixe le temps de l’émancipation de tout regard extérieur. C’est Dieu qui nous envoie chaque matin ouvrir le Livre de l’espérance pour ceux qui l’attendent. Et c’est notre vie qui est requise pour son ministère de tendresse. Dieu s’est confié à nous. Il est au creux de nos mains pour devenir le faîte de nos jours.

 

Equipe Evangile@Peinture - Marie-Dominique Minassian – Peinture Bernadette Lopez

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